In bed with... me

Quoi de plus anodin qu’un lit ?

Il fait partie de notre décor depuis notre plus tendre enfance, dès l'époque où, tel un cerbère féroce, nous étions parqués dans un enclos douillet.
Un lit-cage qui visait à preserver les explorateurs en culotte courte d'un environnement parfois hostile.
A cet âge là, le lit est le territoire connu; et c’est donc avec curiosité que le bambin se lance hors de son univers sécurisant, tel un Razmoket.
Le lit devient plus tard un ennemi pour tous les petits monstres réfractaires à la sieste, avant de susciter à nouveau l’intérêt de l’adolescent qui s’y prélasse avec délice et y découvre les premiers émois des rapports sexuels…

Notre lit est l’unique témoin d’étapes importantes de notre construction. Des étapes que nous partageons presque tous.
Quand Maupassant écrit que « C'est là qu'on naît, c'est là qu'on aime, c'est là qu'on meurt. », il rend ses lettres de noblesse à une pièce de mobilier dont nous négligeons parfois l'importance.
Elevés dans des lits douillets, nous oublions qu'ils n’ont pas toujours été de tout confort.
Jadis à même le sol, ils furent par la suite surélevés pour éviter la poussière, le froid et les rats, vecteur de maladies comme la peste.
Quand on sait qu'un mec comme Napoléon ne dormait que quatre heures par nuit, on se dit que le lit n'étais pas un endroit où l'on aimait squatter naguère...
Dans une époque encore récente, les lits dans nos campagnes étaient de taille réduite, de sorte que l’on ne pouvait s’y coucher qu’en position fœtale. Gain de place ?
Que nenni ! Dormir étendu nous renvoyait à la position des trépassés et les anciens craignaient que la mort les emporte en les voyant alanguis de tout leur long.

Heureusement pour moi que ces us ne sont plus en vigueur !
Heureusement que les lits et surtout les matelas, sont devenus  un élément substantiel de notre mobilier !

Quoi de plus normal ! Nous passons en moyenne 30 années allongés… Il est assez légitime de vouloir s'assurer que ce temps ne soit pas gâché par l'inconfort. 
Nous autres français achetons majoritairement des lits pour 2 personnes et nous faisons bien !
Quand on pense qu'un dormeur bouge en moyenne 30 à 40 fois par nuit et que chacun de ces mouvements nuit grandement à la qualité de son sommeil, je vous laisse imaginer l'effet que peuvent
avoir les mouvements ou les contacts nocturnes entre 2 corps endormis. Surtout si, comme 60% des français, vous vous reveillez souvent la nuit sans parvenir à retrouver le sommeil rapidement.
Vous l'aurez compris, la seule solution pour améliorer notre sommeil est de dormir seuls ou de posseder un lit suffisament large pour limiter l'impact de nos compagnons de nuitée.
Et si vous pensez qu'il est trop chouquinou de s'endormir contre son bien-aimé, dites vous que nous evacuons en moyenne 40cl d'eau par personne et par nuit...Vous admettrez que c'est dégueu de se transpirer dessus,
surtout que cela favorise la prolifération des bactéries et des acariens. (évidemment, le sexe est une exception à cet axiome)
Quoi qu'il en soit, vous comprendrez que la douche le matin n'est pas une option. Au chapitre des informations utiles, sachez également qu'une sieste d’une ½ heure compense quatre heures de sommeil de nuit...

Bon, après cette digression hautement scientifique, nous pouvons revenir à nos "moutons", si je puis me permettre. (les acharnés du ménages comprendront le trait d'esprit).

Car le lit n'est pas qu'un meuble fonctionnel, garant d'un sommeil confortable.

Il est un temple ou l'on se retrouve authentique, sans faux semblants. En gagnant notre lit, nous quittons le masque de nos journées pour mieux nous abandonner au repos, au sommeil.
Allongés, détendus, nous récupérons notre énergie et  un peu de notre âme d'enfant; en sécurité sous notre couette, nous pouvons réfléchir posément et sombrer sereinement. Le lit devient alors le navire idéal vers le rêve.

Hélas, je sais que mon lectorat est surtout composé de fainéant et d'obsédés sexuels, peu enclins à s'emmerveiller d'un meuble.
Pour la plupart d'entre nous, le lit est un bon pote qu'on regrette de quitter le matin et qu'on attend de retrouver le soir avec une impatience non feinte...
Difficile de le comprendre pour ceux qui comme moi considèrent que dormir est une perte de temps. Malheureusement, il est bon de savoir qu'il s'agit d'une étape necessaire pour notre santé et surtout à la gestion de notre mémoire. Pour stocker ce que nous apprenons, nous devons en effet dormir suffisamment. Evidemment, cela suppose d'être équipé au préalable.
Nota bene : cette règle ne rend pas les loirs plus intelligents et ne saurait légitimer un nycthémère de sommeil.

Enfin, le lit est aussi un des cadres privilégié des rapports à 2 (ou plus, bien entendu. Je ne veux risquer de blesser mes lecteurs polygames, polyandres ou adeptes d'orgies comastiques).
Si vos lits pouvaient parler, ils auraient bien des turpitudes à raconter... Souvenez-vous de ce que vous avez bien pu y faire...
Car le lit, outre le palais du sommeil est aussi le théatre de milles passions, une veritable scène où les amants se déchirent, s'e révèlent, se confient, se livrent, se font l'amour, se trompent parfois. C'est ici que l'amour peut naître, qu'il se développe, qu'il peut mourir...

Amusant de constater que nous autres mortels connaissons le même destin que l'amour... Conçu et nés dans un lit, nous y vivont nos meilleurs instants puis nous mourrons.

Vous l'aurez compris, le lit est l'estrade ou tout est plus fort. Alors prenez-en soin, sacralisez l'instant du coucher ou vos retrouvailles sous ses draps, car bien souvent, il s'agit de vos meilleurs instants, qu'ils soient sous le signe du repos, du rêve, de la débauche, du rire ou de la lecture.

Grâce à moi aujourd'hui vous echangerez le sempiternel "ashes to ashes" par "bed to bed"... Je sais, ma phrase sonne moins bien, mais elle est tellement plus vrai...

Mat

En cadeau, un petit supplément de phrases sur le thème du jour :

"Le lit est l'endroit le plus dangereux du Monde : 90% des gens y meurent !" (Mark Twain)

Il y a le peureux qui regarde sous son lit, et le peureux qui n'ose même pas regarder sous son lit. (Jules Renard)

Se pencher sur le sommeil a de quoi émerveiller. Se pencher sur les lits a de quoi vous faire peur. (Anthony Burgess)

Une femme sans poitrine, c'est un lit sans oreillers. (Anatole France)
Le lit est un meuble où l'on se repose quand on est seul et où l'on se fatigue quand on est deux. (André Prévot)

Martine : Pourquoi ne restez-vous pas au lit ? Don Juan : La dernière maîtresse y resterait aussi. Or c'est la prochaine que je préfère. (Jacques Ferron)

Un lit est le meilleur des lieux de rendez-vous.(Thomas Overbury)

Il y a ce qu'on peut faire dans un lit et le reste. Le reste ne vaut pas cher. (Groucho Marx)